Ce mois-ci, nous avons échangé avec Lætitia Ducos, cheffe d’équipe peinture sur le chantier second œuvre bâtiment à la régie de quartiers. Zoom sur son quotidien avec l’équipe en insertion !
Bonjour Lætitia, tu es sur quel chantier en ce moment ?
Le gros chantier du moment c’est la Gendarmerie. L’équipe s’occupe de la réfection de tous les appartements. C’est un chantier particulier car on ne fait pas toutes les pièces du sol au plafond.
Pour ceux, comme moi, qui ne connaissent rien du tout en peinture, tu peux m’expliquer un peu qu’est-ce que vous faites sur un chantier peinture ?
En arrivant, si ce n’est pas déjà fait, on protéger notre chantier. Protéger les sols, protéger tout ce qui est à protéger si c’est nécessaire. En sachant que nous, on intervient en même temps que tout le monde : les plombiers, les électriciens, les plaquistes…
Et à la gendarmerie, quelle est la mission ?
On refait entièrement cuisine, salle de bain et tout ce qui est chambre séjours. On fait uniquement des bandes de 30 cm sur les côtés, au plafond et comme ça, on ne fait pas les plafonds.
Vous avez fait quoi comme autres chantiers ?
Après, on fait pas mal de chantiers avec la ville de La Rochelle. On avait refait des WC publics, la concurrence, la salle Émile Combes. C’est Bruno Mercier qui gère la partie planning.
Tu es cheffe d’équipe, donc tu gères les personnes sur le terrain, tu les accompagne ?
Oui, il y a une dizaine de personnes qui travaillent avec moi au quotidien. Je suis avec eux sur les chantiers. On est une équipe.
Comment tu es arrivée à la régie ?
Avant d’arriver à La Rochelle, je n’étais pas du tout peintre. J’étais dans Prêt à porter féminin aux Galeries Lafayette, boulevard Haussmann à Paris. Donc quand je suis arrivée à La Rochelle, je me suis dis « où est-ce que je suis susceptible de trouver du boulot ? » parce que le bassin d’emploi à La Rochelle c’est quand même pas énorme, surtout pour les femmes. Et puis le prêt à porter, j’étais arrivé au bout, j’avais fait le tour de la question.Je ne savais pas trop ce que j’avais envie de faire. On m’a proposé tout de suite une place en CDI dans le marketing, donc je suis allée travailler sur une plateforme d’appels. Je l’ai fait d’un point de vue alimentaire parce que j’étais en CDI. Je venais d’arriver, je m’installais. Ma fille était encore petite.
De la plateforme au métier de peintre, comment c’est venu ?
J’ai une copine qui préparait son CAP de peintre en bâtiment. Et moi, j’aime créer. Même en dehors du boulot, je suis toujours en train de bricoler des trucs. J’adore ça et je l’ai suivi un peu en parallèle de sa formation et je me suis dit « C’est ça que je veux faire ». Donc j’ai négocié mon licenciement de la plateforme d’appels et j’ai pu intégrer le CAP de La Rochelle. Je l’ai eu et j’ai trouvé du boulot très rapidement. Je suis restée cinq ans dans l’entreprise où j’étais avant, mais j’ai eu un gros soucis de santé. Je me suis dit avoir le rythme que j’avais avant à faire des 50-60 heures par semaine, je ne pouvais plus. J’ai fait un bilan de compétence et ça m’a amené à encadrante technique d’insertion.
Tu connaissais ce métier « Encadrante technique d’insertion » ?
Je connaissais l’insertion, je savais que ça existait. Mais le terme de E.T.I. Encadrant Technique d’Insertion, je n’avais jamais entendu parler de ça. Donc, j’étais un peu étonnée puis après j’ai compris pourquoi. Je voulais garder la peinture, parce que j’aime le boulot, j’aime ce que je fais. Mais j’avais aussi besoin d’apporter une dimension humaine à ce que je fais. De par mon parcours aussi, j’avais besoin de partager, d’apporter ma petite pierre à l’édifice. Je veux garder aussi cette partie sur le terrain. J’ai besoin aussi de connaître les gens aussi avec qui je travaille.
Même si on a des difficultés, on traverse des moments très difficiles. On vous donne les moyens de s’en sortir et de dépasser tout ça. Dépasser ses peurs. Et d’avancer même si des fois, c’est difficile, il y a toujours une lumière au bout du tunnel.
Tu connaissais la régie ?
Après mon bilan de compétences, j’ai fait une PMSMP, une immersion en milieu professionnel. J’avais demandé à la régie mais vous ne preniez pas à ce moment là.
Et être une femme dans le bâtiment ?
Alors être une femme dans le bâtiment. Globalement, ça se passe très bien. Moi, j’ai un tempérament aussi qui fait que je m’adapte à tout le monde hommes, femmes. Par contre, je sais poser les limites aussi. On peut rigoler mais tout est toujours dans le respect. Il y a des limites à ne pas franchir. Ici, ça se passe super bien avec tout le monde, même sur d’autres chantiers. Quand les gens sont intelligents, ils voient comment vous travaillez et après, ils disent OK, elle connait son job.
Un conseil à partager ?
De se faire confiance, de croire en soi. Ça, c’est hyper important. Ne pas écouter forcément ce que les gens disent.